
Lire un compte de résultat, c’est vérifier si une entreprise s’est enrichie ou, au contraire, appauvrie au cours d’une période donnée.
La normalisation des états financiers facilite la comparaison des entreprises entre elles. En établissant leur résultat selon une méthode commune à toutes, les entreprises sont placées à égalité du point de vue de l’impôt calculé sur leurs bénéfices.
Vous trouverez dans cette fiche pratique les informations permettant de savoir comment lire un compte de résultat.
Article
1. Appropriez-vous les informations utiles pour lire un compte de résultat
Les états financiers des entreprises respectent une présentation standard, ce qui en simplifie la lecture.
Familiarisez-vous avec la présentation normalisée
En haut de celle-ci figure le produit des ventes, autrement désigné comme le « chiffre d’affaires de l’entreprise ».
Au bas de la liste, vous devez repérer le résultat proprement dit, c’est-à-dire le bénéfice ou la perte de la période.
Notez les dates de début et de fin de l'exercice comptable
Vérifiez la date d’arrêté et la durée de l’exercice comptable du compte de résultat étudié.
Bon à savoir : un compte de résultat qui couvre une période d’une durée différente à un an indique que des événements exceptionnels et importants impactent cette entreprise.
Dans tous les cas, quand vous comparez l'évolution des chiffres dans le temps, assurez-vous de faire la relation entre des comptabilités établies au terme de périodes d'une durée équivalente.
Évaluez la pertinence des comptes
Pour calculer la rentabilité d'une transaction, il faut déduire du prix de vente tous les coûts exposés pour la réalisation de cette vente. Établir le compte de résultat d'une entreprise, c'est reproduire cette procédure simple pour toutes les opérations réalisées au cours d'une période donnée.
À la date de la clôture de l'exercice comptable, les responsables de l'entreprise doivent recenser et valoriser tous les achats de la période écoulée qui n'ont pas encore été consommés, afin de reporter l'impact de leur coût sur l'exercice suivant. Les spécialistes parlent d'écritures d'inventaire.
Conseil : la traduction de ces travaux de fin d'exercice dans la comptabilité est d'une complexité certaine. En cas de doute sur la pertinence de certains chiffres, pouvoir interroger ceux qui les ont établis peut éviter des erreurs d'interprétation.
Par exemple : pour des marchandises achetées dans le dernier mois de l'exercice N et vendues au début de l'exercice N+1, ces achats rentreront dans les charges de l'exercice N+1. Le coût d'achat des produits vendus est alors bien imputé sur le produit des ventes au moment ou celles-ci sont réalisées.
Dans notre exemple, les achats non consommés en fin de période ont valeur de stock, sans impact sur le résultat de l'année N. Les achats stockés font partie du patrimoine de l'entreprise. Leur valeur est transférée du compte de résultat vers le bilan comptable par le biais d' une écriture d' inventaire.
Toute erreur de chronologie entre la constatation du produit d'une vente et l'imputation sur celui-ci des charges exposées pour y parvenir fausse la marge sur les ventes, et donc le résultat comptable.
Bon à savoir : toutes les sociétés commerciales doivent déposer, au greffe du tribunal de commerce, leur bilan et leur compte de résultat annuels validés par les propriétaires de l’entreprise que l’on nomme associés ou actionnaires. On peut se les procurer en ligne pour quelques euros sur Infogreffe. Vous pouvez aussi demander une copie de ses comptes sociaux directement à la direction de l'entreprise. Si c'est son intérêt de vous informer, en vue par exemple d'un partenariat futur, elle joue la transparence ; sinon, tirez vos conclusions d'un refus.
2. Relevez le résultat de la période
Le chiffre d'affaires vous donne une idée de la taille de l'entreprise. Le résultat, qui figure sur la dernière ligne du compte d'exploitation (une autre façon de désigner le compte de résultat), renseigne sur sa rentabilité.
Notez le montant du bénéfice ou la perte
Lorsque le montant des ventes et des autres revenus que l’entreprise a accumulés au cours de l’exercice comptable est supérieur au total des charges exposées pour assurer l’exploitation, le résultat est positif. L’entreprise dégage un bénéfice : cet excédent vient renforcer les ressources financières de la structure.
Dans les cas où le total des charges exposées pour assurer l’exploitation de l’entreprise dépasse le produit des ventes et des autres revenus enregistré sur une année, le résultat est négatif. L’entreprise dégage une perte : ses ressources ont diminué pendant la période analysée. Les moyens financiers disponibles sont réduits du montant de ce déficit.
Lorsque la masse des charges exposées est égale ou quasi-égale à celle des ventes et autres produits acquis lors de la période, on parle de résultat neutre. Lorsque le compte de résultat est ainsi « à l'équilibre », l'entreprise ne s'est ni enrichie ni appauvrie au cours de l'année terminée.
Bon à savoir : viser un résultat final proche de zéro est une stratégie fiscale possible. Équilibrer charges et produits après avoir payé tout ceux qui vivent de l'entreprise (patron, salariés, fournisseurs, etc.) présente l'avantage de générer un impôt sur les bénéfices nul. La loi prévoit cependant que seules les charges nécessaires à l'exploitation sont déductibles. En cas de contrôle fiscal, l'Administration rejette les charges dont la justification ne lui paraît pas établie. Lorsqu'il constate qu'il est lésé, le fisc modifie la base d'imposition de l'entreprise fautive. Dans ce cas, des pénalités et amendes s'ajoutent au redressement de l'impôt dû.
Distinguez le résultat net du résultat avant impôt
Évoquer simplement le « résultat » d’une entreprise est insuffisant. En tant qu'analyste financier, vous voulez savoir si le chiffre livré est « avant impôt » ou s’il s’agit du « résultat net », c’est-à-dire impôts déjà déduits.
Vous pouvez calculer la rentabilité d’une entreprise bénéficiaire en divisant son bénéfice (« avant impôt » ou « net », c'est à vous de préciser) par le chiffre d’affaires (le montant des ventes) de la période.
Présenter le ratio de rentabilité d'un modèle économique avant impôt, puis après impôt, permet d'apprécier l'impact de la fiscalité sur la performance globale.
3. Expliquez l'origine du résultat
Les étapes précédentes nous ont permis de connaître le résultat final d’un exercice comptable.
Cependant, savoir si une entreprise a réalisé une perte ou un bénéfice à la fin d’une année ne suffit pas pour évaluer sa rentabilité :
- Attachez-vous à comprendre comment ce résultat a été atteint.
- Comparez les comptes de résultats de plusieurs exercices comptables successifs.
L’analyse des différentes rubriques du compte de résultat va nous permettre de comprendre pourquoi le résultat est celui que nous avons constaté (bénéfice ou perte).
Repérez d'abord les « grandes masses » du compte de résultat
Il y a autant de manières de s’enrichir ou de s’appauvrir qu’il y a d’entreprises en activité. Heureusement, les normes comptables sont là pour nous aider à dégager des grandes tendances.
Le compte de résultat de toutes les entreprises est impacté par la combinaison possible de 3 facteurs :
- les événements liés à l’exploitation de l’entreprise ;
- les opérations strictement financières ;
- les circonstances exceptionnelles.
Les quelques définitions qui suivent respectent la terminologie comptable commune à tous les comptes de résultat. Les connaître permet de repérer les chiffres indispensables pour savoir comment un résultat a été atteint.
Analysez le résultat d’exploitation
Le résultat d’exploitation est positif lorsque le montant des ventes de la période dépasse le montant des charges exposées pour que l’entreprise puisse faire son métier.
Exemple : l’exploitation d’un boucher consiste à acheter de la viande pour la revendre à un prix permettant de couvrir l’achat de la viande, mais aussi le loyer du magasin et la rémunération du personnel.
Lorsque le résultat d’exploitation est positif, il reste de l’argent pour couvrir d’éventuelles charges financières ou exceptionnelles, ainsi que les taxes et impôts.
Lorsque le résultat d’exploitation est négatif, c’est que l’entreprise n’arrive pas à servir ses clients en en tirant profit. Elle n’est pas rentable. Une « perte d'exploitation » sur plusieurs exercices successifs met la survie de l’entreprise en jeu. L’activité de l’entreprise doit être restructurée pour revenir à un « bénéfice d’exploitation ».
Bon à savoir : pendant la période d'amorçage d'une nouvelle entreprise, le résultat d'exploitation peut être négatif sans susciter d'inquiétude. L'important est alors de vérifier si celle-ci atteint son seuil de rentabilité (résultat neutre) avant d'avoir épuisé la trésorerie prévue pour financer cette période de lancement. Cependant, la sous-estimation de la trésorerie nécessaire pour financer l'activité en attendant que celle-ci soit rentable est une cause fréquente de mortalité parmi les jeunes pousses.
Poursuivez avec l'examen du résultat financier
Les éléments financiers du compte de résultat sont liés à la trésorerie de l’entreprise c’est-à-dire à l’argent disponible pour assurer l’exploitation ou bien à l’argent emprunté pour faire face à un besoin de liquidités.
Lorsqu’une entreprise dispose d’une réserve d’argent disponible dont elle n’a pas besoin pour financer son exploitation (payer ses salaires et ses fournisseurs par exemple), elle va faire des placements. Le loyer de l’argent placé va générer des intérêts que l’entreprise perçoit. On parle de « produits financiers ». Ils impactent favorablement le résultat.
Quand l’entreprise doit emprunter pour disposer de suffisamment de liquidités pour faire face à ses charges, le banquier va demander un loyer pour l’argent prêté et le risque qu’il prend en accordant un prêt. Ce loyer de l'argent (les intérêts perçus par le prêteur) constitue des « charge financières » qui impactent négativement le résultat.
Important : constater qu’une entreprise recourt à l’emprunt et paie des charges financières n’est pas nécessairement un indice de fragilité. Certaines activités rentables nécessitent de mobiliser beaucoup de trésorerie et la maîtrise du niveau d’endettement fait partie de leur stratégie.
Détaillez les composantes du résultat exceptionnel
Contrairement au résultat d’exploitation ou au résultat financier, en rapport avec les activités habituelles de l’entreprise, le résultat exceptionnel dépend d’opérations inhabituelles et non répétitives.
Exemple de produit exceptionnel : cette année, l’entreprise a réalisé un boni sur la vente d’un camion. Il s’agit d’un « produit exceptionnel » car le métier de l’entreprise n’est pas de vendre tous les jours son camion.
Exemple de charge exceptionnelle : cette année, un camion a été vendu à perte. L’entreprise subit un malus sur cette vente. Il s’agit d’une « charge exceptionnelle » car le métier de l’entreprise ne consiste pas à vendre habituellement des camions.
Méthode d'analyse du compte de résultat
L'analyse combinée du résultat d'exploitation et du résultat financier et exceptionnel vous permet de comprendre quels types de charges et quels types de produits ont eu un impact significatif sur le résultat net, soit le résultat final de l'année.
Pratiquez de la sorte pour lire le compte de résultat vous donnera des informations factuelles quelle que soit la taille et l'activité de l'entreprise auditée.