Un appel de marge correspond au montant que verse un investisseur pour couvrir une position acheteuse ou vendeuse sur un marché financier. Il s’agit d’un appel de fonds destiné à compléter une couverture si celle-ci devient insuffisante.
Les modalités d’un appel de marge diffèrent selon qu’il se produise sur un marché réglementé ou sur un marché de gré à gré (moins réglementé).
Tous les détails à suivre.
Appels de marge sur les marchés réglementés
Sur les marchés réglementés, le processus des échanges est régulé par une chambre de compensation garantissant la bonne fin des opérations jusqu’à l’échéance.
La chambre de compensation est un intermédiaire entre l’acheteur et le vendeur. Elle s’occupe notamment de :
- la correspondance entre les positions débitrices et créditrices des différents intervenants ;
- la compensation des soldes ;
- les appels de marge.
Face à l'évolution rapide des cours sur les marchés à terme, les chambres de compensation réalisent des appels de marge quotidiens (variation margins). Ils ont pour but de reconstituer le dépôt de garantie d’un investisseur s’il a été entamé par un mouvement de marché significatif.
Chaque jour, après la clôture du marché, les positions des opérateurs sont liquidées sur le papier. En cas de pertes latentes, la chambre de compensation lance un appel de marge pour que l’intervenant reconstitue sa couverture. Ce versement supplémentaire peut prendre la forme de liquidités ou de titres
L'appel est calculé sur la base du « cours de compensation ». Il s’agit du cours calculé à l'issue (clôture) de chaque séance de négociation ou à chaque échéance d'options ou de contrats.
L’appel de marge est effectué tous les jours afin que les risques du lendemain soient couverts et que l’investisseur prouve qu’il a bien les moyens de tenir sa position.
Si le compte n’est pas suffisamment approvisionné pour satisfaire à l’appel, l’intermédiaire (courtier) est en droit de solder tout ou partie de la position et d’utiliser le dépôt de garantie pour régler l’appel.
À noter : si une des deux parties fait défaut (acheteur ou vendeur), c’est la chambre de compensation qui supportera le risque. L’investisseur est donc exposé au risque de marché, mais pas à celui de contrepartie.
Bon à savoir : avec le service de règlement différé (SRD), l’écart entre le cours d’achat des titres et le cours actuel est calculé une fois par mois. Il sert à fixer le montant des appels de marge. Si le cours d’acquisition est inférieur au cours actuel, l’investisseur devra, par exemple, verser de l'argent à son courtier pour adapter sa couverture.
Pour mémoire, le SRD permet de reporter le règlement ou la livraison de certains titres à la fin du mois boursier. Acheter ou vendre à découvert un titre en différant son règlement pour profiter d’un effet de levier (à la hausse et à la baisse) devient alors possible.
Marchés de gré à gré et l’appel de marge
Sur un marché de gré à gré, la donne est différente. Les échanges se déroulent sous forme de contrats bilatéraux. Les détails de la transaction sont fixés directement entre les parties.
Faute de chambre de compensation, le risque est porté par les investisseurs. Afin de le minimiser, acheteur et vendeur vont se couvrir en échangeant des collatéraux.
À savoir : en finance, un collatéral est constitué par l’ensemble des actifs, titres ou liquidités, remis en garantie au créditeur par le débiteur afin de lui apporter une sécurité. Si le débiteur fait défaut, les actifs remis en « collatéral » deviennent la propriété du créditeur. Il peut ainsi rentrer dans ses frais.
À intervalles réguliers, le stock de collatéral est valorisé à son prix de marché. Il peut être affecté d'une décote (haircut). Face à un « haircut » le créditeur demandera généralement plus de collatéral au débiteur.
Les appels de marge (margin call) désignent les flux de collatéral échangés à chaque nouvelle revalorisation du stock. Ils sont calculés en référence aux paramètres fixés dans le contrat et au marché (market-to-market). L’objectif est de pallier la variation de la valeur du contrat (augmentation ou diminution) ou de l’actif qui constitue son objet principal.
Bon à savoir : la ventilation des 2 500 milliards de collatéral recensés par la BCE, faisaient surtout la part belle aux obligations bancaires, aux titres non négociables et aux titres d'État.
Le règlement européen EMIR (adopté en 2012) qui vise la transparence du marché de gré à gré et l’instauration d’un principe de compensation obligatoire pour la majorité des dérivés, soutient la systématisation de l’échange de collatéral.
Pour aller plus loin :
- Qu’est-ce que le marché secondaire ? La réponse dans notre article.
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- Retrouvez la définition de chambre de compensation sur notre page dédiée.