Le solde primaire est une variable utilisée pour tester la soutenabilité de la dette publique. C’est l’un des facteurs conditionnant l’évolution à la hausse ou à la baisse du ratio dette / PIB.
Il correspond à la situation budgétaire pour une période donnée hors paiement des intérêts sur la dette publique. Le point dans cet article.
Solde budgétaire et solde primaire
Le budget de l'État est composé du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux.
Chacun des sous-budgets est composé de ressources et de dépenses. Le solde général du budget de l'État correspond à la différence entre les ressources et les dépenses.
Trois cas de figure sont possibles :
- Lorsque les ressources dépassent les dépenses, le budget de l'État est dit excédentaire.
- Lorsque les ressources sont équivalentes aux dépenses, le budget de l'État est à l'équilibre.
- Lorsque les ressources sont inférieures aux dépenses, le budget de l'État est déficitaire.
Bon à savoir : le budget de l'État ne peut être déficitaire que sur le papier. Si c’est le cas, l'État est obligé d'emprunter sur les marchés financiers, ce qui est systématiquement le cas depuis 1973, dernière année où le solde budgétaire a été neutre.
Le solde budgétaire primaire correspond au solde avant paiement des intérêts des emprunts correspondant à la dette publique :
- C'est la différence « brute » entre les recettes et les dépenses.
- Il donne une image assez fidèle de l’« effort » d’un gouvernement pour rééquilibrer le solde budgétaire, indépendamment du poids de l’histoire.
Si toutes les recettes sont utilisées pour financer les dépenses hors dette, l'État doit de nouveau emprunter pour payer le remboursement de sa dette passée.
Bon à savoir : chaque seconde, les intérêts de la dette publique française (plus de 2000 milliards d’euros) représentent près de 1 500 €, soit plus de 40 milliards d'euros par an. Dans la loi de finances pour 2016, cette charge de remboursement s’élève à 44,5 milliards d’euros (en crédits de paiement), soit 10,7 % du budget de l’État. Le paiement des intérêts de la dette est aujourd’hui le quatrième poste de dépenses de l’État.
Le recours à la notion de solde primaire revient à jauger la capacité de l’État à rembourser sa dette. Plus cette capacité se réduit, plus les prélèvements obligatoires (impôts, taxes, etc) ont de chances d’augmenter.
Bon à savoir : selon un récent rapport de l'OCDE, les recettes fiscales en France ont augmenté de 0,2 % en 2014, pour atteindre 45,2 % du PIB, alors que la pression fiscale est contenue à 34,4 % (en moyenne) dans les 29 autres pays de l’OCDE. Cette situation est notamment due à l'augmentation de la pression fiscale sur les ménages.
Solde primaire : un sismographe budgétaire
Pour résumer, le solde primaire résulte de l’évolution des recettes (impôts et prélèvements) et des dépenses décidées par les pouvoirs publics.
Le montant des intérêts dépend, pour sa part, des taux d’intérêt sur la dette passée et du montant de celle-ci.
Le taux d’endettement progresse quand la somme du déficit primaire et des intérêts versés augmente plus vite que le PIB.
Tant que le taux d’intérêt moyen de la dette reste en dessous de celui du PIB, le déficit primaire demeure compatible avec le maintien du niveau d’endettement public. S’il le dépasse, il est nécessaire de dégager un excédent primaire pour le stabiliser au même niveau.
Résultat, soit les prélèvements obligatoires augmentent, soit l’État réduit ses dépenses.
Bon à savoir : la croissance du PIB tricolore est passée sous la barre des 1 % (en volume) depuis 2012 après une chute de - 2,9 % durant la crise de 2009. La dernière année durant laquelle la croissance a dépassé 2 % remonte à 2007 (2,4 %).
Le solde primaire est la principale variable sur laquelle les plans d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) se concentrent.
À noter : pour dégager un excédent primaire, le FMI demande le plus souvent aux pays faillis (c’est notamment le cas en Grèce) de réduire leurs dépenses et d’augmenter leurs prélèvements. D’après certains observateurs, ce remède de cheval a pour effet de figer la demande intérieure, de réduire l’activité et de provoquer des problèmes sociaux en cascade.